Paulette était pour moi un exemple, et pourtant elle ne se prétendait jamais exemplaire. Elle se vivait et se revendiquait comme une femme normale. Vivre comme les autres gens était pour elle une évidence et une nécessité, même une fois devenue députée puis ministre. Son exemplarité tenait à l’être, pas au paraître. Certains professent, d’autres montrent. Tout simplement – une expression qu’elle affectionnait – elle nous montrait la voie par sa façon de faire.
En 1997, très en avance sur la loi qui instaura cette règle 15 ans plus tard, elle fut la seule députée du Doubs à refuser le cumul des mandats (sauf erreur de ma part seuls deux homologues firent le même choix dans tout l’hémicycle !) et démissionna de ses autres postes. Je me rappelle avec amusement des réactions ulcérées de ses camarades masculins, élus avec elle, qui faisaient pression pour la faire revenir sur ce choix par crainte de devoir être obligés de faire de même… 25 ans après, son exemple a doucement et naturellement fait école.
Elle savait sa responsabilité en tant que modèle pour son entourage comme pour toute une génération de militants. Elle était sourcilleuse de ne pas dévier de sa ligne de conduite – au point de l’imposer à son entourage proche … je me rappelle m’être fait sermonner avec mon compère Nicolas pour avoir utilisé les chauffeurs mis à disposition des conseillers ministériels, alors que le métro parisien était « bien aussi rapide » ! – mais trop modeste et trop consciente de sa propre fragilité face aux réactions souvent hostiles – « le premier qui dit la vérité, … » – pour s’en faire un étendard.
Son lien avec les gens se nourrissait de cette simplicité. Dans la débâcle électorale de 2002, elle fut la seule députée de gauche réélue en Franche-Comté. Elle fut encore la seule députée sortante à faire le choix d’arrêter d’elle-même, à dire stop à la politique, parce qu’elle avait d’autres envies et d’autres besoins. Un responsable politique qui arrête de lui-même, sans s’accrocher au pouvoir, ce devrait être la norme … c’est toujours l’exception.
Certains suivent et d’autres précèdent. Une dernière fois, elle fut digne et droite face à sa propre mort, devant les autres, libre, sincère, exemplaire.
Paulette, je suis fier d’avoir été ton compagnon de route, je t’ai connu jeune homme et tu m’as aidé à grandir, je poursuis aujourd’hui ma route en pensant à ton exemple.