J’ai rencontré Paulette GUINCHARD en 1994. Elle m’avait sollicité pour assurer avec elle des formations dans les établissements de santé, de Bourgogne essentiellement, concernant les soins palliatifs.
J’ai le souvenir de ces longs trajets en voiture au cours desquels nous avons échangé sur un thème qui nous était cher : l’humanisme et les personnes en situation de vulnérabilité.
Nous mêlions formations, discussions politiques et visites d’églises romanes…Nous avons continué à nous voir à mesure que sa carrière politique évoluait, comme conseillère régionale de Franche comté puis députée puis secrétaire d’état chargée des personnes âgées dans le gouvernement de Lionel JOSPIN. Chaque rencontre a été marquée par une véritable chaleur humaine, une véritable empathie avec un souci de l’autre dans une vision sociale, avec une vision du respect des personnes vulnérables comme le nœud gordien de la cohésion sociale et de la politique en générale…
Puis est venu le temps de la maladie. J’ai été sollicité par Paulette, atteinte d’une maladie irréversible, pour l’aider autant que possible dans son cheminement, dans l’anticipation dans ce qu’elle savait devoir advenir. Pendant plusieurs années, nous nous sommes vus, Denis son époux, Paulette et moi, très régulièrement, pour bien sûr parler de la maladie mais aussi parler de la vie.
Cette femme aimait la vie. Cette femme aimait les autres. Cette femme savait ce qu’elle voulait mais surtout ce qu’elle ne voulait pas. C’est ainsi qu’elle a construit la décision de son suicide assisté refusant la perte de son autonomie de décision, refusant l’altération ultime de son indépendance physique.
Paulette GUINCHARD a vécu et est morte comme citoyenne, acteur d’elle-même et responsable.