Que de respect, que d’échanges, que de pages d’idées écrites, que d’idées concrétisées, que de temps passé, d’affection…. et que « tu m’énerves !!! sympathique » lorsque nous avions quelques divergences, toujours mineures..
Si ses rôles nationaux de députée, de Secrétaire d’État souvent rappelés et pour cause, personnellement, l’ayant côtoyée et soutenu comme maire… et ayant fait bénéficié ma commune et ses habitants de sa philosophie, comme a bénéficié notre intercommunalité, de sa vue des choses, ma vie professionnelle en a été plus qu’orientée.
Sans elle députée, je ne crois pas que la première Maison Age et Vie, née à Montfaucon n’aurait vu le jour. Pas plus que les Maisons intergénérationnelles de l’Allée Abbé Pierre, les premières de l’agglomération bisontine.
Comment ne pas évoquer le rôle déterminant dans le redressement en 2004 du Musée des Maisons Comtoises de Nancray, alors dans une situation catastrophique. Ses racines des plateaux l’avaient porté à agir, mais aussi ses vues sur des projets de territoires équilibrés.
Au cours de son incroyable mandat, à la tête du syndicat mixte du musée des Maisons comtoises, Paulette Guinchard a su redresser définitivement la barre du Musée qui se trouvait dans une situation financière et structurelle délicate.
Elle a su fédérer le Département et l’Agglomération avec l’appui de l’État, de la Région en lien avec l’association Folklore comtois afin d’assurer au Musée un avenir à sa hauteur.
Avec Marie Spinelli-Flesch qu’elle nommera à la direction, elles travailleront à la professionnalisation du Musée et à lui donner une nouvelle envergure grâce à un Projet Scientifique et Culturel innovant. Tourné sur l’habitat, l’éducation à l’environnement et au développement durable, le Musée sera le premier de France à se doter d’un agenda 21 !
Son mandat a marqué le Musée, l’a transformé et lui a donné un nouveau rôle social et environnemental !
En 2008, avec une insistance toute amicale mais déterminée comme à son habitude, elle me convainquit à lui succéder… par fidélité…par souci de sa maladie… j’y suis encore.
Inévitablement deux pans énormes de son action humaine et politique sont présents dans mes souvenirs.
Environnementaliste alors que l’écologie politique balbutiait
1983 : J’étais directeur du service espaces verts et forestiers de la Ville de Besançon lorsque je rencontrai pour la 1ère fois cette jeune femme (elle avait 34 ans) élue adjointe au maire de Robert Schwint. Elle succédait à Bernard Girardot, syndicaliste LIP.
1983…c’était il y a 38 ans …
Ces actions exemplaires, imaginatives, réalistes en faveur de l’environnement urbain, des espaces verts, des espaces naturels, de la biodiversité, de l’éducation à l’environnement … alors qu’il y avait à peine les prémices d’émergence de l’écologie politique…. ont fait à l’époque école nationale.
La liste est riche, très riche : quelques exemples tirés de cette liste, juste pour illustrer :
- Pour la 1ère fois puis plusieurs fois Besançon citée 1ère Ville verte de France
- 1ère politique nationale de l’Arbre urbain reprise en colloques nationaux
- Signature avec l’État du 1er protocole de Prise en Compte de l’Environnement Urbain (Mme Bouchardeau était ministre).
- Développement de l’idée de jardin botanique éclaté de laquelle sont nés : le jardin des Sens de l’Helvétie et la Roseraie de Battant.
- Engagement déterminé à remplacer les arbres d’alignement dans les rues par abattage-replantation : c’est de cet engagement que des rues ont aujourd’hui des arbres beaux et en bonne santé : Quai de Strasbourg – Avenue d’Helvétie – Remparts Dérasés…
- Le développement des jardins familiaux à partir de Rosemont…, c’était, il y a 38 ans.
- Engagement d’une gestion différenciée des espaces verts (oui, il y a 35 ans …) qui fit école en France… C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l sauvegarde de la biodiversité urbaine.
- Et puis un soutien déterminé à la recherche engagée sur les pluies acides… avec cartographie aérienne infra-rouge des dépérissements sur Besançon.
- La même cartographie avec la même méthode des espaces végétalisés urbains… les deux en mobilisant l’Université de Franche-Comté.
- C’est sous son mandat qu’a émergé l’idée de la Petite École de la Forêt de Chailluz qui vit le jour en début de mandat suivant.
- Je pourrais aussi parler des incroyables floralies de novembre 1988…en plein centre-ville, jamais une ville n’avait osé cela. C’était 6 mois avant les élections municipales de 1989 Et nous voulions apporter notre contribution. Je me rappelle Raymond Tourrain (l’opposant de Robert Schwint, ndlr) , effaré dans la cour du Palais Granvelle quelques heures avant l’ouverture et me disant « Rude coup, bien joué.. »!! La manifestation fut reprise en 1994….
Humaniste envers le tiers-monde
Vers la Côte d’Ivoire
En 1992, sous le mandat de Pierre Chantelat, Paulette Guinchard, alors conseillère régionale, a fait partie d’une délégation se rendant dans l’ouest montagneux de la Côte d’Ivoire (capitale régionale Man, région limitrophe de la Guinée-Conakry et du Libéria) .
Faisant suite à rencontre en Franche-Comté entre chargé de mission ivoirien de l’environnement et Jean-Claude Jacques alors DRAE (Directeur régional de l’architecture et de l’environnement), cette mission avait pour objectif d’envisager une coopération décentralisée entre le PNR du Haute-Jura et le Parc National Ivoirien du Mont-Sangbé.
Cette coopération a été instauré et a été l’origine de la création de l’Association Franc-Comtoise ARDECOD (regroupant près de 15 communes franc-comtoises et l’équivalent de communes ivoiriennes partenaires-bénéficiaires).
Lors de sa mission initiale, Paulette Guinchard (elle était aussi adjointe au maire, déléguée aux Relations Internationales) au-delà de l’intérêt de la coopération entre les 2 parcs avait mesuré un autre intérêt pour les populations ivoiriennes : celle de l’instauration d’une autre coopération décentralisé entre Besançon, et la ville ivoirienne de Man (100.000 h, capitale régionale).
Son intention fut validée par Robert Schwint (qui se rendra avec elle en Côte d’Ivoire ) et son conseil municipal .
Elle mobilisa les cadres municipaux (dont moi-même et me convainquit de porter le projet avec elle ) pour apporter un appui institutionnel à la mairie de Man , mais aussi autres communes ivoiriennes avec partenaires comtois. Des micro-chantiers à haute intensité de main d’œuvre ont bénéficié aux communes (marchés – points déchets)
Elle fut à l’initiative mobilisatrice en 1995, d’une réunion à Man avec les bailleurs de fond (France – Canada – Europe) qui marqua à jamais ces bailleurs internationaux qui ne s’étaient retrouvé autour de la même table… pour une commune.
Elle obtenu de l’État, un Fonds d’action de coopération pour la ville de Man ( une 1ère pour une commune ivoirienne ) qui permis une restructuration de la mairie et la mise en place d’équipements dont une voirie en pavés bêton conduisant à l’hôpital… seule voie carrossable pendant des dizaines d’années : voie réalisée également dans le cadre d’un chantier à haute Intensité de main-d’œuvre… Réalisation inégalée en Côte-d’Ivoire pendant 20 ans.
L’appui aux groupes de femmes, notamment dans la collecte des ordures ménagères et la propreté de la ville fut aussi son crédo continuel, mais aussi le centre de santé, la maternité, …
Elle négocia, en 1995, à Bruxelles un projet d’un montant de 1 millions de francs baptisé Eau, Source de Vie et de développement, pour alimenter par réseau ou par puis les quartiers les plus défavorisés de 12 communes ivoiriennes de la région.
Anecdote, à cette occasion, déplacement aller-retour Besançon-Bruxelles, dans la petite AX de son chef de service sous une pluie diluvienne… mais la négociation porta ses fruits. Quel autre élu de ce niveau l’aurait fait !!!
Ce projet fut interrompu par la rébellion et la guerre ;
Paulette Guinchard fut élevée au grade de Chevalier dans l’ordre du mérité dans l’ordre de la Côte d’Ivoire en 1995.
Pour la petite histoire, le dernier contact en Côte-d’Ivoire, Besançon-Man, est intervenu en 2007. Invité par l’État-Major Bisontin (le 19è RG est la force Licorne) d’interposition entre rebelles et armée régulière) Jean-Louis Fousseret se rendit à Abidjan-Yamoussoukro. Je l’accompagnais et me suis rendu à la demande de l’armée française à Man, occupée par les rebelles, pour évaluations… toutes les réalisations dont la mairie à initiative bisontine étaient rasées !!
La République de Côte-d’Ivoire éleva Paulette Guinchard en 1995 au grade de Chevalier du mérité ivoirien.
Vers le Burkina Faso
Dans le cadre de son mandat d’adjoint aux relations internationales, Paulette Guincherd soutint et dynamisa des actions humanitaires, à essence associative avec la commune de Douroula.
Elle fut à l’origine de l’implication de la ville de Neuchâtel (CH) ville jumelle de Besançon.
En tout cas, lorsque l’on a été son directeur de service pendant 1 mandat, lorsque l’on a accompagné plus longtemps… on n’en sort pas intact intellectuellement.