Ma première rencontre avec Paulette correspond à mes débuts de responsable mutualiste départemental. Avec Jean NICOLAS, mon prédécesseur, nous avions sollicité un rendez-vous avec la députée pour évoquer la volonté de la Mutualité du Doubs de développer une offre au service des Personnes âgées. Paulette m’a d’emblée impressionné par son engagement territorial et son approche humaniste des sujets. Elle était parfaitement en phase avec les valeurs de la Mutualité : la solidarité, la liberté, la démocratie et la responsabilité.
Son soutien à l’action mutualiste comme à toute la filière Economie Sociale et Solidaire était indéfectible, et s’est traduit tout au long de ses mandats par une présence régulière aux événements mutualistes.
Au-delà de cet appui au mutualiste, une rencontre fortuite lors d’un déjeuner au Foyer des Oiseaux, à l’automne 2008, marque le point de départ d’une profonde amitié partagée avec nos conjoints. Ce jour-là, après les traditionnels échanges de politesses, Paulette, avec son sens inné de l’anticipation et sa clairvoyance naturelle, me présente à Denis. Elle lui indique que je représente l’institution qui pourrait lui permettre de faire avancer le dossier de l’organisation de la coupe du monde de Combiné nordique à Chaux-Neuve, et sa recherche de sponsors.
L’enjeu est de taille, puisque la Fédération Française de Ski envisage de confier à Chaux-Neuve, l’organisation de la Coupe du Monde de Combiné Nordique pour les années 2009 à 2012.
Un rendez-vous est fixé et démarre ainsi un partenariat de plusieurs années entre la Mutualité départementale et régionale, associée à la Mutuelle ADREA, et l’ASNI (Association du Site Nordique International de Chaux-Neuve) et ensuite la FFS (Fédération Française de Ski). La Mutualité Française a souhaité s’associer à cet événement qui concrétise un certain nombre de valeurs que le mouvement mutualiste s’attache à défendre et à promouvoir dans le cadre des ses interventions en prévention et promotion de la santé, et en particulier la promotion de l’activité physique chez les jeunes.
Modeste au départ, consistant en la simple fourniture d’équipements chauds pour les bénévoles, ce partenariat va s’amplifier au fil des années. Le soutien et l’empathie de Paulette auront largement contribué à la réussite de cette collaboration.
Quel bonheur, chaque année, au cœur de l’hiver, de rejoindre la maison familiale à Chaux-Neuve pour un week-end prolongé, consacré à la coupe du monde, mais aussi et surtout aux rencontres, à l’initiative de Paulette, autour d’un gouter ou d’une part de tarte avec des personnalités d’horizons extrêmement divers. Des moments de partage inoubliables.
Des échanges parfois improbables, mais tellement enrichissants, ont pu avoir eu lieu à cette occasion grâce notamment au sens des relations humaines et à l’empathie naturelle de Paulette, associée à sa modestie et à la simplicité de l’accueil, qualités largement partagées par Denis.
Et puis les soirées se prolongeaient en plus petit comité, autour d’un repas improvisé pour la préparation duquel Paulette faisait preuve de créativité. La créativité, encore une de ses qualités, qu’elle traduisait aussi bien à travers la couture, la broderie ou encore la peinture, qu’en composant des recettes de cuisine ou de pâtisserie. La recette du « fous’y tout » donnait une vraie soupe hivernale réconfortante.
Nous partagions par ailleurs avec Paulette des origines paysannes, et c’est avec bonheur que nous échangions sur des épisodes de cette vie rurale qui a sans aucun doute forgé nos caractères.
Inévitablement, nous terminions la journée par quelques parties de tarot. C’est au cours de ces soirées « tarot » que j’ai découvert une autre facette de Paulette. Il s’agit des rares occasions au cours desquelles elle pouvait se départir de sa bonhomie. Elle aimait le jeu mais ne supportait pas qu’un joueur du tour de table n’assume pas ses responsabilités et si, par hasard, elle ne pouvait remplir son contrat à raison de la faiblesse d’un de ses partenaires ou de la poltronnerie d’un adversaire, elle était capable de véritablement « sortir de ses gonds » et d’invectiver ses interlocuteurs avec des termes explicites tel que « mouille-cul ». Cette attitude lui conférait davantage d’humanité et la rendait d’autant plus attachante.
Au fil des années, la maladie a occupé une place prépondérante dans la vie de Paulette, et par répercussion de Denis, mais je veux témoigner de son courage, de sa lucidité et de son énergie. Elle conservait une volonté farouche de s’informer et d’exprimer ses convictions sur les sujets de société, au premier rang desquels les « Vieux » et leur devenir occupaient une place prépondérante.
Même dans les moments de souffrance intense, que nous ne pouvions que deviner, elle conservait sa jovialité et le respect de ses interlocuteurs. Le petit diner improvisé pour son 70ème anniversaire avec Evelyne, Joëlle, Claude et Denis nous a permis de partager des instants de franche rigolade qui, je le crois sincèrement, ont contribué à maintenir sa capacité de résistance.
Jusqu’à ses derniers instants, Paulette nous aura accueilli, avec gentillesse et bienveillance sans se départir de sa bonne humeur. Merci Paulette pour cette formidable leçon de courage et de détermination dont tu as témoigné jusque dans le choix de ta fin de vie !