Se souvenir avec toi, Zaza, de cette amitié profonde qui s’est mise en place à bas bruit, il y a 40 ans. Elle est apparue simplement en travaillant ensemble pour donner vie à des formations pour des femmes à la recherche d’emplois.
Ensemble nous avons créé Safran, un projet qui te tenait à cœur.
A Planoise où tu habitais tu avais vu des femmes isolées, sans projet ; pour elles, tu as proposé de mettre en place une formation afin de les aider à sortir de leur isolement.
Tu voulais contribuer à l’insertion des femmes, au développement de leur rôle dans la société.
Tu citais cette phrase de Mariama Ba, auteure sénégalaise, qui a écrit dans «Une si longue lettre » « Mon cœur est en fête chaque fois qu’une femme sort de l’ombre ».
Dans ces années 1975/1980 nous formions un groupe de 9 femmes, nous aussi à la recherche d’une insertion dans la vie au-delà d’une vie assignée, prescrite, définie en dehors de nous.
Chacune, avec sa propre couleur, cherchait à modeler, inventer sa vie. Ces couleurs très différentes résonnaient entre elles.
Nous avons imaginé et réalisé des projets, tels entre autres « La Fête du sens, des sens, », « Le gâteau en automne » qui ont été des occasions de rencontre, de partage avec nos amis, des membres de nos familles.
Nos échanges sont motivés par le désir de s’inventer, d’inventer une vie dense, libre, pleine de facéties, d’encaisser les coups de boutoir de la vie et se réjouir de ses superbes moments.
Nous nous sommes vues régulièrement à 9, « les filles » comme tu nous appelais, « le groupe des nanas » comme disait Ghislaine.
Très occupée par tes fonctions politiques, tu ne manquais, cependant, jamais de nous rejoindre, apportant ton regard attentif à chacune de nous ainsi que tes avis construits depuis ton expérience de vie publique.
Pour toi ce groupe de femmes était « un temps d’amitié, de recul, de compréhension, de réflexion, de ressourcement où peuvent se mêler les questions professionnelles, personnelles, qui peut donner toute l’épaisseur d’une vie ». (cité dans le fascicule « Inventer, dirent-elles »).
Nous nous souvenons en particulier de cette journée que tu nous as organisée à l’Assemblée Nationale, en février 2005, où nous devions nous embarquer dans une réflexion sur le futur et où nous avons commencé par déballer nos rêves.
Tu as rencontré Denis et nous avons eu aussi le plaisir de le connaître, nous étions avec vous à votre mariage ensoleillé à Chaux Neuve.
Nous avons toutes avancé en âge.
Loin de te soumettre à la maladie tu l’as prise à bras le corps pour continuer à vivre pleinement avec une capacité d’invention et de création qui nous a toujours épatées.
Nos échanges se sont poursuivis à Frontenay bien sûr, mais aussi dans votre chaleureuse maison de Chaux Neuve à Denis et toi pour des activités plus artistiques (écriture, peinture) que nous avons démarrées à ta demande.
Chacun/une d’entre nous qui a connu Paulette la combattante, la femme généreuse qui montrait la voie de l’engagement, a des souvenirs précieux à conserver et à mettre en acte. Prolonger ainsi sa présence est sans doute la meilleure façon de lui rendre hommage. Il nous faut faire à partir d’elle, prendre le relais et lui conserver une place vivante et lumineuse parmi nous. Catherine, Ghyslaine et Zaza continuent de nous inspirer et d’inspirer nos pensées et nos actes à venir.