Notre Paulette nous a quittés. Rarement l’expression aura été employée avec autant de force, de solennité, après un décès. C’est que rien dans la vie, et aussi dans la mort, de Paulette Guinchard n’a vraiment été banal.
Je l’ai connue d’abord comme journaliste à l‘Est républicain, puis de façon plus personnelle. A l’admiration, somme toute commune que j’éprouvais pour elle, est venue s’ajouter une véritable amitié née en partie grâce au livre sur la vieillesse qu’à sa demande, nous avons écrit ensemble. C’était dans les toutes premières années de ce vingt-et-unième siècle et un tel résultat n’allait pas forcément de soi.
Je la revois encore arrivant à Marast, le tout petit village de Haute-Saône où nous demeurions alors. Elle vivait encore seule et en souffrait. Elle était vive, simple et drôle. Elle débarquait un livre de cuisine ou un sachet de fruits à la main et nous nous mettions au travail. Sérieusement, même si nous riions beaucoup. Elle y apportait et c’était vrai de tout ce qu’elle entreprenait de la conviction, de la passion, du sérieux aussi et j’ai vite vu qu’elle aimait vraiment les vieux comme elle s’obstinait à les appeler. Le livre est sorti ; nous avons fait toutes deux quelques salons mais la promotion l‘enthousiasmait à demi.
Nous avons partagé ensuite beaucoup de jours et de soirs à Chaux-neuve et ailleurs.
Nous avons aussi fait quelques voyages car elle les affectionnait, disputé nombre de parties de tarot, une autre de ses passions. Entre temps, elle avait épousé Denis Pagnier, son fidèle compagnon jusqu’à l’heure ultime.
Elle est partie comme elle l’avait décidé. Vivante. Vaillante.