La presse s’est fait l’écho du décès de Mme Paulette GUINCHARD reproduisant les nombreux hommages qui lui ont été rendus avec une grande justesse dans les mots et dans l’expression de ses qualités.
Les qualités de « Paulette » : tous ceux qui l’ont côtoyée mesuraient l’authenticité de ses convictions, sa sincérité, son engagement, sa cohérence dans son action, son esprit visionnaire et son humanisme.
« Paulette », dotée d’un tempérament volontaire – tempérament forgé par des parents aux racines familiales solides fortement ancrées dans la terre – était chaleureuse, généreuse, rayonnante. Sa simplicité, son attention aux autres, son écoute sans à priori, l’ont porté naturellement à s’engager politiquement, à militer, à agir, à entraîner.
Mes vingt années passées au Centre Hospitalier Universitaire de Besançon au poste des Affaires Médicales, puis mon éloignement professionnel aux Centres Hospitaliers de Provins et de Dole ne m’ont fait connaître réellement Madame Guinchard qu’en l’an 2000. C’est à partir de cette date que j’ai opté pour les établissements médico-sociaux et que j’ai été nommée directrice du Centre de Long Séjour de Bellevaux.
Combattante – Militante – Engagée, mais à l’écoute
Nos relations datent donc de cette période. C’est en septembre 2001 lorsqu’elle visite le Centre de Long Séjour de Bellevaux dans son tour de France pour expliquer les dispositions de sa Loi sur l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) et plaider pour l’amélioration de l’accueil des personnes âgées dans les « hospices », que je prends conscience de la politique qu’elle entend mener.
Cette politique est résolument orientée vers la diversification de l’offre de service, elle appelait à « organiser la cohérence de l’offre » ce qui exige un développement volontariste du partenariat entre tous les acteurs du secteur gérontologique.
C’est grâce à cette philosophie que nous avons pu développer les services complémentaires (accueil de jour, hébergement temporaire, hébergement de nuit) qui venaient relayer le service de soins infirmiers à domicile et concilier au mieux, milieu de vie ordinaire et institution.
J’ai pu, au cours d’un rendez-vous à son Ministère, en mars 2002, pour lui présenter nos projets, compter sur son engagement sans faille et mesurer l’authenticité de ses convictions et de son engagement pour prévenir la dépendance.
La subvention ministérielle est arrivée avec un petit mot et la… recette d’une mousse au chocolat… car nous avions, avec sa conseillère technique, échangé sur nos addictions réciproques au chocolat !!!
Cohérente – Volontaire – Humaniste :
Faire entrer la Vie dans nos Institutions était également un de ses combats : elle a soutenu avec chaleur, l’accueil des bénévoles grâce à l’Association « Des liens pour l’Art » et celle des « Amis de Bellevaux » qui permettaient l’agrément culturel de nos « vieux » comme « Paulette » les appelait.
Les sorties au musée, les concerts, les activités peintures, sculptures, lectures ont pu être organisées grâce à ces bénévoles, grâce aux assistants de vie dont nous avions créé des postes spécifiques. Le programme d’activités et d’animations était, chaque semaine, soutenu et permettait des rapprochements familiaux.
Chaleureuse – généreuse – simple – femme de cœur :
Je me souviens d’une de ses visites « surprises » en août 2003 lors de la canicule. Le sort et la dignité des anciens la préoccupaient de façon permanente. Elle était près du cœur de nos aînés.
« Il faudrait que cette canicule montre l’enjeu d’un encadrement suffisamment important. C’est un vrai problème de fond. J’ai d’ailleurs écrit dans ce sens au Président Chirac » nous avait-elle dit.
Le répit aux aidants : elle mesurait parfaitement la réalité du quotidien des familles qu’il soit financier et/ou affectif. La détresse et le déchirement que cela générait, était son souci constant.
Par son rayonnement et sa foi dans le handicap, elle nous encourageait dans nos responsabilités, nos actions au quotidien et nos approches plus humaines dans l’organisation et le fonctionnement de nos établissements.
Visionnaire et …. Réaliste
L’IRV : l’Institut Régional du Vieillissement.
Cette institution a été créée en octobre 2002 sous son impulsion. C’est une première expérience en France de mise en réseau des professionnels et des chercheurs du champ gérontologique dans une logique disciplinaire.
Par suite d’une fusion-absorption, cet Institut est devenu le Pôle de Gérontologie Interrégional de Bourgogne-Franche-Comté.
« Paulette » était fidèle aux journées de réflexion programmées par cette instance. Elle y a présidé de nombreuses conférences.
Nous avions toujours un très grand plaisir à se retrouver et, elle, à s’enquérir de l’avancée de nos projets (zoothérapie, création de l’espace SNOEZELEN) au hasard de ces réunions.
A titre personnel, j’ai eu du Secrétariat d’Etat aux Personnes Agées, en juillet 2001, l’honneur d’une proposition de nomination dans l’Ordre National du Mérite.
Cette distinction, qui m’a été remise, en sa présence le 16 février 2002 a donné à mon mari, sa dernière grande joie.
L’exemple qu’elle nous a transmis par sa vie professionnelle est encore exalté par le courage qu’elle a démontré dans sa finitude. Elle est restée fidèle à ses convictions et militante jusqu’au bout, jusqu’à cette fin qu’elle a choisie.
Un seul mot nous revient à l’esprit pour définir sa vie : Amour. Celui qu’elle portait aux autres et aux siens.
Que cet Amour puisse donner à son mari – qui lui aussi force l’admiration par le respect qu’il a manifesté du choix de « Paulette » – le courage et la force morale pour vivre son absence.
« Si la vie n’est qu’un passage, sur ce passage, au moins, semons des fleurs » écrivait Montaigne. C’est vraiment ce que « Paulette » a réalisé tout au long de son existence.