Une grande dame nous a quittés
Paulette Guinchard s’en est allée. Elle manquera à Palente.
Son investissement sur notre quartier débute en 1973, où « Paulette », comme nous aimions l’appeler, est venue auprès des LIP pour les soutenir en organisant des concerts, des débats, en un mot « animer ».
Son parcours l’amènera très tôt à des responsabilités municipales. Cheville ouvrière de l’équipe municipale de Robert Schwint, elle était une visionnaire sur les enjeux environnementaux : nous étions en 1983 ! Elle a participé à l’élaboration des bases de l’intercommunalité, aujourd’hui Grand Besançon Métropole.
Députée de la 2éme circonscription en 1997, celle de « Palente », c’est dans ce quartier qu’elle choisit afin d’y installer sa permanence. Elle parlait « d’un choix affectif ». Elle voulait être au plus près des habitantes et habitants. Elle a été à l’initiative de la réflexion pour une rénovation « urgente » des Orchamps.
Lors de la création des Conseils de Quartiers sur Besançon en 2002, par l’adjoint aux Quartiers, Maurice THIRIET. Elle est nommée présidente, avec pour coprésident Marcel Hoeuillard pour animer le Conseil de Quartier de Palente-Orchamps-Combe Saragosse.
Les échanges étaient constructifs dans un esprit de démocratie participative de proximité afin d’améliorer la vie quotidienne au service du mieux vivre. Elle apportait un soutien réel et efficace au Conseil de Quartier. Elle n’hésitait pas à s’investir auprès des élus de la municipalité pour appuyer les projets et les idées émanant du Conseil de Quartier. Avec Paulette, la démocratie participative était réelle. Grâce à elle, des réunions publiques aux habitants furent organisées autour des projets d’aménagement du territoire. Les projets étaient concrets. L’aménagement de la place des Tilleuls, en 2003, est l’exemple réussi d’une concertation entre habitants et élus.
Par rapport à cette dynamique, le quartier fut déclaré le plus dynamique de Besançon ce qui lui valut d’aller présenter ce modèle de participation participative à la ville BISTRITA, jumelée avec Besançon, et d’accueillir une délégation roumaine.
Son engagement prendra également forme dans la coopération internationale, Cote d’Ivoire, au Burkina-Faso, Palestine, Roumanie, le Maroc et u Liban pour suivre le déroulement des élections.
En 1998, elle fit partie d’une délégation qui se rendit au Burkina Faso « pays des hommes intègres » pour suivre les projets du jumelage signé par le Maire, Robert Schwint, en 1985, entre la Ville de Besancon et Douroula implanté dans la région Mouhoun. Ce jumelage a été initié par Charles Baudoin, animateur de séjours à l’AROEVEN et Blami Koté, fonctionnaire burkinabé.
Dans le cadre de la coopération décentralisée, elle participa à des rencontres sur le terrain avec l’adjoint des relations internationales, Marcelin Baretje, la directrice du service Relations Extérieures, Geneviève Randot-Socié, le directeur des espaces Verts, Pierre Contoz pour le reboisement et Marcel Hoeuillard, président de l’Association Afriq’Energies au lycée des métiers du BTP Pierre Adrien PÂRIS de Besançon.
Lors des rencontres avec les responsables burkinabé et villageois les échanges abordaient diverses thématiques : l’éducation des enfants et adultes, la santé, l’eau avec forage de puits, le reboisement, le maraîchage, l’équipement électrique par des panneaux solaires, la protection du patrimoine et la construction d’écoles et poste de santé et l’évolution des femmes.
Pour améliorer les échanges, Paulette proposa pour la réalisation des projets que l’on fasse appel à l’Association des Volontaires du Progrès qui était déjà implanté dans plusieurs pays africains afin d’assurer une meilleure mise en place de projets tant sur le plan technique que financier et leurs suivis en responsabilisant les villageois.
Pour officialiser ces projets elle rencontra la haute autorité burkinabé, l’Ambassade française et son ami Bernard Monnier, Consul de France, ainsi que Pierre Michaillard, Belfortain, très impliqué dans l’administration Burkinabé pour la mise en place des projets sur la commune de Douroula et d’autres villages.
En 2011, Paulette représenta le Maire de Besançon pour l’inauguration d’un musée archéologique et ethnologique implanté en brousse dans le village de Douroula qui se situait sur un site archéologique comportant du mobilier datant 3 siècles AVJC. Elle contribua avec ses fonds parlementaires au cofinancement du projet. Ce musée a été conçu en lien avec l’archéologue Burkinabé, Lassina KOTE. Ce musée et atelier de recherche en archéologique fut réalisé et aménagé à 100 % par les élèves du Lycée Pierre Adrien Pâris et l’Association Afriq’Energies de Besançon en 2010.
En 2011, voyage découverte et de recherche au Mali depuis le Burkina via le pays Dogon, Tombouctou, Ségou et Bamako avec Afriq’Energies et l’Université de Besançon.
Suite à ce voyage, elle accueille en France l’archéologue, Lassina KOTE de l’Université de Ouagadougou en lien avec la Maison des Sciences Humaines de l’UFC de Besançon.la convention avait pour objectifs d’effectuer un diagnostic sur le développement du territoire et proposer des orientations sur l’écotourisme sur la Région du Mouhoun.
Paulette aimait aussi faire découvrir ce pays à ses amies : Martine Aubry, Marylise Le Branchu…
Inévitablement, en 1997, les responsabilités nationales au Palais Bourbon lui tendaient tout naturellement les bras. Son passage dans le gouvernement de Lionel Jospin, en tant que secrétaire d’Etat marquera à jamais la cause des personnes âgées. Elle crée l’APA (l’Allocation Personnalisée d’Autonomie) le 20/07/2001. Plus tard et ayant toujours à cœur de défendre la cause des aînés, elle met en place des unités de vie pour les anciens à dimension humaine.
Jusqu’au bout de sa vie, Paulette aura été une militante dynamique. Le choix de son départ le lundi 22mars 2021, est un message fort. En rendant publique sa décision de mettre un terme à son insupportable maladie génétique invalidante. Elle s’est donnée la mort par suicide assisté en Suisse. Cet acte fort était, pour elle, une délivrance et un espoir de faire évoluer en France la loi Clayes-Léonetti sur la fin de vie.
« Elle avait cette philosophie d’une vie qui doit s’achever dignement »