Je me souviens de ce conseil municipal je dirais fin 1983, conseil municipal consacré exclusivement à l’énergie un samedi matin dans la salle Courbet, donc sous la houlette de Paulette.
La nouvelle équipe municipale de 1983 avait étendu la délégation initiale de l’environnement créée en 1977 à la maîtrise de l’énergie.
Elle était donc à la baguette sous les regards peu convenus voire méfiants des éléphants de l’époque, les BOICHARD, l’homme aux 10 000 sapins plantés, DEFRASNE l’homme aux bouteilles planquées, PONCOT pris dans le tourbillon des méandres de l’urbanisme, PINARD pris dans ses envolées lyriques… Elle présentait les projets nombreux dans ce domaine et plus faciles à financer compte tenu des prix du fioul de l’époque encore très impactés par le deuxième choc pétrolier.
C’était l’époque quand Henri (Schneider) et René (Fleury) essayaient des trucs, j’étais la petite main du haut de mes quelques 25 ans, nous avions installé les premières chaudières à condensation à gaz, révolution à l’époque avec les 105 % de rendement sur PCI (les gens croyaient qu’on récupérait plus qu’on consommait…), celle du 6 rue de la Madeleine avait même brûlé au bout d’une ou deux semaines suite à un retour de flamme et les conduits de fumée pourtant en inox déjà haut de gamme perçaient comme des feuilles de papier mouillé et ça coulait vert…
C’était aussi le temps de l’arrivée des chaufferies bois collectives avec beaucoup de déboires pour diverses raisons : combustion peu maîtrisée, alimentation du foyer aléatoire, combustible pas toujours de qualité… Donc, Henri s’en méfiait malgré sa recherche permanente d’innovation…
Et au terme de son intervention, la Paulette tranquille sur ses talons, conclut au bout de bien 2h00 de tribune en s’adressant à la salle : « il y a quand même quelque chose que je ne comprends pas dans l’évolution actuelle et avec la volonté politique de la ville dans ce domaine de l’énergie, nous n’avons encore installé aucune chaufferie bois dans un des bâtiments municipaux, alors que le directeur et le directeur-adjoint (René à l’époque) du service électricité-chauffage ne se chauffent plus au fioul mais au bois chez eux depuis quelques mois… » Ils avaient effectivement pour faire baisser leur facture coupler leur chaudière FOD avec une chaudière à bûches…
J’ai beaucoup apprécié ce petit taquet, je dois dire que je les ai regardés autrement après…
J’avais rappelé cette anecdote à Paulette quand elle m’avait invité à déjeuner à Chaux-Neuve il y a 5 / 6 ans, anecdote dont elle ne se souvenait plus, mais pas autrement surprise qu’elle ait pu en être l’auteure…
Je me souviens aussi quand elle était venue à l’atelier de chauffage composé à l’époque d’une petite quinzaine de bonshommes dont certains allaient encore charger matin et soir les quelques chaudières charbon qui subsistaient dans des écoles (Herriot, Fontaine-Ecu, Rivotte…) dont certaines sont devenues des chaufferies bois installées par Myriam (Normand) quelques décennies plus tard. Paulette leur expliquait en deux coups de cuiller à pot le lien entre les pourcentages d’énergie économisés, fruit de leur action quotidienne, et le pourcentage d’augmentation d’impôt évité par ce biais… Ils avaient beaucoup, beaucoup apprécié les bougres qu’on leur explique ce lien, pédagogie que René et moi utilisions déjà dans nos fonctions respectives.