Comment dire l’émotion autant que l’admiration qui m’étreignent depuis l’annonce du grand départ de Mme Guinchard ? Mme Guinchard, je ne l’ai jamais appelé autrement, ni familiarité entre nous ni protocole républicain ; c’était pour moi la seule façon de lui témoigner à la fois mon respect pour son rayonnement, son action, les mots qui étaient les siens , et en même temps – même si ce deuxième aspect de mes sentiments était resté dans l’implicite – l’affection à la personne ; c’était donc la détacher de ce qu’elle avait été – Ministre – et de ce qu’elle était quand je travaillais avec elle – présidente du conseil d’administration de la CNSA- pour l’inscrire dans la continuité des combats qu’elle avait conduits et des valeurs qu’elle avait défendues tout au long des 4 à 5 décennies de ses nombreux combats politiques .
Si je devais résumer en deux mots ce que Mme Guinchard donc représentait pour moi je dirais qu’elle rassemblait en elle deux qualités rarement rassemblées dans la même personne : fermeté et empathie. Fermeté des convictions et des valeurs – des convictions et des valeurs indéracinables, à supposer qu’on ait tenté de vouloir les ébranler, tant elles étaient admirables et véritablement inscrites dans les tables de la loi. Telle était sa force : rien, ni complaisance de situation ni facilité rhétorique ne la faisait bouger.
Fermeté mais empathie : dans la discussion la plus anguleuse il n’y avait jamais l’ombre d’un haussement de voix – au pire l’esquisse d’un sourire d’incompréhension – tant ses valeurs étaient précisément notamment de respect et d’écoute. Mais cet alliage paradoxal était précisément sa force : comment résister à l’évidence rayonnante qu’elle portait en elle exprimée avec une telle douceur si bien argumentée et d’autant plus persuasive qu’elle englobait ses interlocuteurs dans son sourire ?
Ce sont ce sourire, cette douceur et cette fermeté que je garde en mémoire et qui m’accompagnent avec le souvenir des moments partagés – des politiques de l’autonomie à la CNSA, avec les équipes et le conseil d’administration, à la chaleur de l’accueil qu’avec Denis elle savait ménager dans le havre de Chaux Neuve.