C’est à la CNSA que nos chemins se sont croisés, Paulette Guinchard présidente et moi directrice. Quelques images d’abord. Sourire lumineux de Paulette dans les couloirs de la CNSA, expliquant aux équipes, déambulateur décoré de fleurs en mains, toute l’importance de changer de regard sur les aides techniques. Paroles fortes, brins d’humour et regard concentré, lors des longues séances du Conseil qu’elle animait avec brio, qu’elle « animait » en leur donnant une âme. Accents franc- comtois mêlés des rires de ses petites filles, émotion entre rires et larmes, lors de la remise par François Hollande de l‘insigne d’officier de la légion d’honneur.
Ce qui rendait Paulette unique, forçait l’admiration et le respect, c’était sa manière d’incarner ses valeurs, ses combats. Lors du Conseil, loin des propos institutionnels et convenus, c’est forte de son expérience revendiquée de « personne et âgée et handicapée », qu’elle dénonçait l’invisibilisation et la dévalorisation des « vieux » et des « handicapés », et réclamait pour eux dignité, droits et soutiens. Dans ses prises de positions, c’est la femme d’action et de convictions, conjuguant finesse et audace, détermination et sens du concret, qui transparaissait ; toutes qualités qui ont rendu possible la création de l’APA, avec ses millions de bénéficiaires. Merci madame Guinchard, grande dame du social !
Nous aimions Paulette parce qu’elle était bienveillante, pleine de vie et aimante. Nous l’admirons parce que jusqu’au bout, elle a été elle-même : une femme lucide et courageuse face à l’épreuve d’une terrible maladie, une femme engagée et libre de son ultime choix.