Paulette a été, pour toute une génération d’élus, de militants de gauche et de simples citoyens, un exemple dans sa façon de faire de la politique. Pour certains, elle était même une exception.
Faire de la politique autrement, c’est souvent une volonté exprimée par beaucoup mais que bien peu mettent en application.
Pour Paulette, c’était évident et naturel. Je pense qu’elle avait un don pour parler simplement (un mot qu’elle employait souvent au début de ses phrases !!).
Elle aimait beaucoup le terme de « gens de peu », titre d’un bouquin du philosophe Pierre Sansot.
Je me souviens d’un épisode pendant la « fameuse » campagne des législative de 1997. On était un petit groupe à l’accompagner pour un porte-à-porte à la Cité Viotte. Elle a passé la matinée dans un appartement avec des vieilles dames maghrébines à boire du thé accompagné de gâteaux « maison ».
Des femmes qui n’avaient certainement pas le droit de voter, mais avec lesquelles elle avait envie d’échanger, de les écouter évoquer leur vie dans la cité, parler de différents sujets y compris la prise en charge par la famille des vieux dans cette population.
Combien d’autres fois, elle a pris sur son temps pour porter attention, s’intéresser à la vie des gens, en particulier les plus fragiles.
Je pense qu’elle avait besoin de ces contacts pour forger ses convictions et trouver des solutions pour améliorer leur quotidien.
Malgré l’emploi du temps chargé d’une Députée dans son immense circonscription et davantage encore quand elle était Secrétaire d’État, elle tenait à être présente à l’arbre de Noël d’Arc-en-Ciel (l’association de Palente-Orchamps), de rencontrer l’association de la Cité Viotte « De vous à nous », d’aller à la rencontre de la Banque Alimentaire et des Restos du Coeur, ou encore l’association « Les Invités au Festin » qui milite pour une autre prise en charge des handicapés psychiques.
Comme son amie Martine Aubry, dont elle était proche, elle avait travaillé sur le concept du « Care », concept du « prendre soin ». Même si ce concept n’a pas eu beaucoup d’échos en France, elle était intéressée par cette approche des gens avec le sens de l’empathie, de la sollicitude, de la proximité, de l’écoute et de l’attention aux plus vulnérables. Ce sont tous ces mots qui définissent le « Care ».
Mais c’est aussi et surtout la volonté d’apporter des réponses concrètes dans le cadre des politiques publiques.
La mise en place de l’APA en est l’exemple parfait : identifier un besoin (c’est le rapport « vieillir en France ») et se battre pour mettre en place un dispositif, une nouvelle allocation universelle pour la prise en charge de la dépendance des personnes âgées en établissement et à domicile.
Paulette aimait aussi partager et discuter de ses lectures, des ouvrages et des auteurs qui l’avaient marquée. Sans doute son dernier « coup de cœur » a été pour le premier tome des mémoires du Président Barak Obama. Elle avait de l’admiration pour cet homme qui, dans sa jeunesse, avait été travailleur social.
Elle m’avait faire découvrir, il y a déjà quelques années, le poète et philosophe libanais Khalil Gibran et son chef-d’œuvre « Le Prophète ». Elle avait offert un exemplaire du Prophète à ma fille aînée pour son mariage.
Gibran y parle du mariage, des enfants, de la liberté, de l’amitié : « Votre ami est la réponse à vos besoins. Il est votre champ dont les semailles sont amour et la moisson, reconnaissance… Et dans la douceur de l’amitié, qu’il y ait rire et partage de plaisir. Car dans la rosée des petites choses, le cœur retrouve son petit matin et ainsi il s’en trouve rafraîchi ».
C’est cette belle amitié que nous avons partagée avec Paulette et Denis lors de nos week-ends dans la chaleureuse maison de Chaux-Neuve, avec mon épouse Evelyne et les amis de Pagnoz, Joëlle et Pierre.
Malgré la maladie de Paulette, nous avons passé de bons moments ensemble.
Merci Paulette, merci pour tout.