La rencontre avec Paulette ne pouvait laisser quiconque indifférent.
Son empathie faisait de chaque rencontre un moment d’émotion.
Tous ses mots étaient mesurés, ponctués de sourires épanouis et attentifs, voire attendris selon les circonstances ; des sourires qui tissaient des liens comme pour mieux assembler ses dires et les unir.
Des mots simples qu’elle énonçait sans emphase aucune, mais des mots ô combien chargés de sens.
L’écoute des autres, avec pour objet de mieux les comprendre, pour mieux les aider s’il en était besoin, était sa façon d’être, naturellement.
Femme de conviction, elle savait convaincre.
Dotée d’un pouvoir de séduction naturelle, liée à une extrême générosité, elle faisait de l’altérité une force tranquille et de la sociabilité une raison d’exister.
En bonne thérapeute, elle savait mettre l’autre en valeur tout en générant, lors des échanges qu’elles entretenaient, ces transferts qui libèrent et ouvrent des horizons insoupçonnés, fleurissant de bonheur tous les champs des possibles.
Elle connaissait aussi les vertus de la dérision, laquelle apaise souvent les contrariétés pour celles et ceux qui, comme elle, savent relativiser les choses de la vie, sans se prendre trop au sérieux, pour le nombril du Monde.
Au demeurant, à en lire les témoignages, ce qu’elle a entrepris durant son existence était toujours appréhendé avec le sérieux qu’il convient … et conduit avec la pugnacité et le dynamisme propres aux gens de conviction.
J’ai toujours entretenu avec Paulette des relations privilégiées, certes rares mais toujours intenses.
Elles débutèrent par une rencontre, début 1984, sur le thème générique des déchets, par l’entremise d’Huguette BOUCHARDEAU, alors Secrétaire d’Etat en charge de l’Environnement, et de son Directeur de Cabinet, Michel MOUSEL.
Je venais d’être nommé Directeur général de l’ANRED – Agence Nationale pour la Récupération et l’Élimination des Déchets (devenue l’ADEME), par ladite Ministre et Laurent FABIUS, Ministre de l’Industrie.
Elle, alors Maire-Adjointe auprès de Robert SCHWINT, maire de Besançon, en charge de la protection de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, découvrait le domaine des déchets et nous posâmes rapidement les bases d’un partenariat qui se révèlera fructueux.
Elle devint ainsi mon premier contact franc-comtois.
Quelques mois après cette rencontre, animé que j’étais par le désir de voir les collectivités territoriales d’une Région s’unir pour s’approprier la maîtrise des déchets sur un territoire dont l’échelle serait optimale pour bénéficier des expérimentations de chacun et du savoir-faire de notre agence, Paulette fut très vite convaincue de la pertinence de cette idée.
Et ainsi, quelques semaines plus tard naissait l’ASCOMADE – Association des Collectivités pour la MAîtrise des Déchets et de l’Environnement, une association dont elle fut la première Présidente du Conseil d’Administration.
Une association qui compte aujourd’hui près d’une centaine d’adhérents parmi lesquels les grandes villes franc-comtoises du départ, mais aussi des villes du Grand Est et de nombreuses communautés de communes qui ont rejoint l’association depuis.
Elle sut en effet vite convaincre ses collègues du Conseil Régional du bien-fondé de ce projet et c’est dans le cadre du Contrat de Plan Etat – Région que l’ANRED et ledit Conseil Régional de Franche-Comté en financèrent la création, avec notamment la prise en charge d’un ingénieur de l’ANRED mis à disposition.
Suivirent plusieurs colloques qui rassemblèrent nombre de participants, je pense notamment à Arc-et-Senans, à Arbois, à Vesoul, qui réunirent plusieurs centaines de participants, sur un sujet, avouons-le, encore bien abscons pour l’époque, une époque où les mythes du « feu purificateur » et du « jeter, bon débarras » avaient, en la matière, seuls droit de cité !!!
C’était en 1985, il y a seulement 25 ans, 36000 décharges sauvages polluaient la France, et il n’existait alors que quelques rares prototypes de déchetteries se comptant sur les doigts d’une main.
Eh, bien évidemment, Paulette était là, discrète mais toujours très présente et très active.
C’est une évidence pour moi aujourd’hui, elle fut la grande facilitatrice de toutes ces initiatives pionnières en matière de maîtrise des déchets en Franche-Comté.
Elle le fut dans bien d’autres domaines que je connais moins bien et que ces moments de mémoire, ressortis des agendas de celles et ceux qui l’auront côtoyée, vont révéler.
La coopération décentralisée notamment, et à cet égard quelle ne fut pas ma surprise lorsque, entrant dans le hall d’un hôtel d’Abidjan où je participais à un colloque sur le thème des déchets, je croisai tout à fait par hasard Paulette venue en reconnaissance pour le partenariat entre la Région de Man en Côte d’Ivoire et la Franche-Comté et le jumelage entre le Parc Régional du Haut-Jura et le Parc National de Man, son agenda comportant également une rencontre avec une association de femmes africaines.
Je devais la croiser quelques années plus tard lorsque, en 2001 je crois, elle devenue Secrétaire d’Etat aux Personnes Agées et moi devenu Directeur général des Services du Département de la Haute-Saône, elle s’employait à travers un tour de France éreintant, à promouvoir son projet de Loi APA, avec la réussite que l’on sait.
Paulette était vraiment de tous les combats associant fraternité, équité, justice sociale, dignité et bien d’autres valeurs encore.
Et comme beaucoup parmi celles et ceux qui vont de ces valeurs leur raison de vivre, elle témoignait pour l’autre de ce qui constitue le fondement de toute relation humaine : une sincère AMITIE et plus encore.
Paulette était, à la lumière de son sourire, une vraie porteuse d’AMOUR.
SALUT L’AMIE, SALUT ZAZA.